A NOS CORPS FRAGILES
A nos corps défaits, malmenés, criants.
A nos corps douloureux, oubliés, terrifiés.
A nos corps habités, pourtant.
S’approcher de vous avec empathie.
Vous envelopper d’un regard bienveillant puis de ce châle qui prolonge nos bras et notre cœur.
Être avec ce corps qui voudrait se faire oublier, et embrasser son entièreté.
Respirer un instant la douleur, la lutte et la lassitude avec vous.
Accueillir les muscles figés, la peau irritée, les cellules qui hurlent, le souffle court.
A nos corps fragiles et à nos corps soignants. Quand avons-nous cessé de danser ?
Alors le soin s’ouvre. L’enveloppe solide et souple à la fois, le geste doux et le mouvement comme un murmure réconfortant.
A nos corps soignants.
Capables de ressentir l’énergie de vie se remettre en mouvement.
S’ouvrant au souvenir de la légèreté, de la fluidité, de l’espace et de la liberté.
Accueillant tendrement la fragilité de la maladie ou de la vieillesse.
S’autorisant à dire la colère, la fatigue, la honte, le découragement.
Recevant la consolation qui ne nie pas la réalité mais l’embrasse pleinement.
Se rappelant la puissance de l’amour et de la présence de l’autre pour faire face.
Envelopper un corps fragile, c’est toucher avec délicatesse l’âme qui l’habite, l’être tout entier et se laisser toucher en retour.
Envelopper un corps fragile, c’est s’engager corps et âme à écouter, ressentir, communiquer avec encore plus d’attention dans cet espace-temps suspendu du soin.
Offrir ce soin, c’est savoir quitter la volonté de bien faire, laisser de côté les attentes, les objectifs et l’envie de sauver pour faire place à la rencontre et à la présence pure.
Parfois, force est de constater que la douleur, la difficulté et le combat prennent leurs quartiers ailleurs, quelque temps.
Toujours, l’intensité et la profondeur colorent ces moments-là.
Merci aux praticiennes Slow Rebozo et à leurs accompagné.e.s de plus en plus nombreux.ses, qui ont partagé leurs expériences dans le Mini Lab Corps Fragiles, et qui m’ont inspiré ce texte.
Elise